Antoni Astugalpi

Médiateur de mots, sapeur du son, suceur de sens et dresseur d'idées (en gros)

La Secte des égoïstes [1994] d’Eric-Emmanuel Schmitt

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Un thésard tombe par hasard sur une référence mystérieuse à Gaspard Languenhaert, hurluberlu philosophe du XVIIIème siècle, qui avait développé une philosophie solipsiste à la façon du scepticisme de Calderón dans la Vida es un sueño, et va se prendre au jeu d’un labyrinthe borgésien dans lequel il finira par perdre sa tête…

Pour sûr, EES sait écrire, il a même lu les philosophes et c’est avec une joie ludique que l’étudiant en philosophie que j’étais alors [en 2006] s’est amusé à répondre aux clins d’œil de l’auteur. Les questions de métaphysique (Pourquoi moi, Dieu, ai-je créé le monde ? Pourquoi celui-ci me résiste si je suis le Créateur ? Ne pouvais-je rester dans la plénitude de mon seul être ?) inspirées de parodies proches de Leibniz ou de Borges, rejoignent la satire de l’idéalisme allemand, dans une petite histoire que Schmitt a eu le bon goût de faire courte. Quelques passages, quoique de facture classique, sont très amusants, tel celui où le bel Apollon qu’est Languenhaert, affirmant n’être pas matériel, donne une leçon d’immatérialisme, dans son boudoir, à une beauté désireuse de s’ouvrir à ses mystères. La fin, ouverte et énigmatique, vous laisse avec ces perspectives foisonnantes où le lecteur devient un peu acteur, dont je raffole.

Bref, ludique et profond si l’on veut le prendre au sérieux, je ne saurais que remercier ma maman de me l’avoir conseillé et prêté, et je le conseille à mon tour.

Photo d’entête : “id vs ego” par Robert Couse-Baker.


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