Antoni Astugalpi

Médiateur de mots, sapeur du son, suceur de sens et dresseur d'idées (en gros)

Curriculum Vitae

https://viadeo.journaldunet.com/p/antoni-astugalpi-2934278

En résumé

Manant des mers (et puis)
Mineur d’émois (et encore)
Manieur de mots (jusqu’à devenir)
Meneur de mondes (avec des)
Manières de ta mère !

Expérience professionnelle

Conceptualisateur indépendant – Éditions Antoni Astugalpi

Pendant des années j’ai publié des myriades d’œuvres éphémères sur tous supports, des haïkus écrits à l’eau, des poèmes au pipi dans la neige, des albums entiers de chansons originales offertes au vent, la suite de ce qu’écrivait Jésus dans le sable en Jean 8 (une sorte de traité sur le calcul infinitésimal dans le miracle du pardon), une anthologie sonore des plus beaux cris de plaisir féminins, des danses comme des essais ou des nages en forme de philosophie, le tout consigné directement dans la mémoire de Dieu, qui n’a cessé de m’applaudir en refaisant tous les jours la lumière après la nuit. Vous direz que c’est un peu jouer le gigolo pour divinité dépressive, oui, mais j’ai sauvé le monde sans bande-annonce ni recours à des invasions extraterrestres, moi ! On se refait parfois des séances lorsque vous le décevez trop et qu’il repense au bon vieux temps de l’avant Big-Bang.

Réhausseur de niveau – Escort AA (juin-juillet 2014)

Il n’y a que deux sports qui méritent d’exister : le football et la gymnastique rythmique et sportive. La deuxième je la regarde ; pour le premier je ne m’intéresse qu’aux clubs qui jouent en bleu et qui se sauvent toujours de la galère avec des scenarii incroyables. Les nations m’indiffèrent. Alors pendant la dernière Coup du Monde, je me suis occupé de vos femmes, les instruisant, les sortant, leur faisant réviser leurs devoirs ou leur vidange selon les demandes du propriétaire, et j’ai fait de superbes rencontres. Cette année 2018, je vais parier sur tout (les compos, les minutes de but, les noms des buteurs, le nombre de fois que Suarez mord un joueur, le nombre de fois que Messi obtient un penalty pour rien, etc.) et je serai trop occupé à faire fortune. Mais si urgence et bonne volonté, vous pouvez toujours envoyer des photos pour devis. 

(Gratuit pour les Chinois et les Péruviens à partir des quarts de final !)

Ecrivain infiltré – Editions Antoni Astugalpi

1. Ce matin-là, on m’avait répondu sans vraiment y penser, pour être poli, histoire de l’avoir fait. La personne en face de moi ne s’en était même pas rendue compte. Elle devait trouver qu’elle avait fait ce qu’il y avait à faire. Moi je me suis senti devant une machine. De chair et d’os, certes (et encore, combien va nous sembler fragile ce critère de l’humanité à l’aube du transhumanisme), mais une machine tout de même.
J’ai tapoté quelques minutes sur mon ordinateur portable. 

Me suis levé sans rien dire.

Si la personne en question, toute en question, s’est demandée pourquoi, elle a dû essayer de me retrouver dans le bâtiment. J’étais parti. Elle a peut-être essayé de m’appeler sur mon téléphone. Je l’avais laissé sur la table. Elle m’a alors écrit un courriel. Elle est tombée sur un message automatique lui demandant de m’écrire à l’adresse reponseautomatiqueactivee@gmail.com.

C’est désormais par ce seul moyen que je lui écrirai – que le texte sera diffusé.

Homme – Tomber amoureux

Je suis marié à PJ Harvey, Leslie Feist et V. de C. Les deux premières ne le savent pas encore, la troisième m’a dit non et ça fait mal même si cela fait 2500 ans qu’on nous met en garde contre l’amour et qu’on s’y fera prendre encore 2500 autres, malheureusement ; d’après le Coran, il m’en reste une possible, qui a le visage de l’Inconnue, de l’Imprévue, que je suivrai comme Eurydice suivait Orphée dans un remous de mots à ne savoir qu’en faire ! Si un jour c’est ta femme ou ta fille, désolé d’avance, c’est sa faute !

Après ça j’ai fait une déprime créative qui me servira toujours puisque, pour sortir des mots comme on extrait des diamants1 de sa mauvaise mine de cerveau, il faut avoir connu quelques tremblements de terre intérieurs.

Ecrivain – Livre expérimental

Je suis allé présenter un texte chez un éditeur parisien, que je ne peux pas citer car il a pognon sur rue mais qui m’a dit qu’on n’avait pas le droit d’insulter l’époque et les lecteurs potentiels qui la font, j’ai dit que

— Si !

qu’il le fallait, même, 

— Non !

— Mais si !

ça a duré des heures pour rien et merci à l’inventeur de l’ellipse.  A la fin ce fut un « va chier ! » qui s’est vu répondre « toi d’abord ! »

Il n’y avait même pas de papier dans leur salle de délestage où j’aurais pu me soulager en lui écrivant « salop ! » et « enfoiré ! » et même « pire encore ! », alors je le fais ici, désolé.

C’est con, le livre était bien.

Je l’ai vomi à jamais ; vous n’en n’étiez pas dignes de toute façon.

Détourneur d’usage – Internet et administrations

Quand je n’ai rien à faire, j’aime bien détourner l’usage d’un site Internet, comme faire d’un profil de Viadeo une petite œuvre en soi, ce qui est une façon d’être en sérieux sans l’être et de montrer sous vos yeux ébahis mes talents de dialecticien, l’air de ne pas le faire, en bon chevaucheur de prétérition, et même parfois j’écris des courriels rigolos aux administrations avec des jeux et des blagues dedans pour que les employés s’amusent, ce qui est plutôt sympa de ma part*, même si je rappelle à chaque fois à ces derniers (= les employés, suis un peu !) que leur métier est sordide (surtout lorsque je dois de l’argent à l’organisme à qui j’écris, pour me venger, certes l’employé n’y peut rien, mais je ne peux pas écrire à tous les chefs non plus !), et donc si tu veux on pourra détourner le monde ensemble.

* Là par exemple, peut-être que j’amuse des recruteurs et ça me fait plaisir, parce que les pauvres, c’est tout de même un métier de merde où tu dois lire toute la journée des CVs bien chiants de gens qui se survendent pour des postes qu’on ne voudrait jamais si ce n’était pas la crise !

Chansonnier – Chanson française

Quand il m’arrive des malheurs, il m’arrive aussi d’écrire des chansons où j’étale mes tripes avec pudeur. Donc si tu me fais du mal, tu risques d’avoir la tienne, vieille canaille, mais comme je suis un homme respectable, je ne cite jamais les noms et seuls ceux qui nous connaitront personnellement te regarderont avec ma tristesse qui sera devenue de la colère dans leurs prunelles – ce qui est un usage aussi légitime de la chanson que de mettre de l’amour dans la vie des gens ou de la faire danser sur des “move your ass, yeah baby, baby”-like songs !

Les gens qui ont trente ans disent que mes chansons ressemblent à Dominique A., les quarantenaires que c’est du Jean-Jacques Goldman ou du Francis Cabrel et les plus vieux encore y entendent du George Brassens ou Anne Sylvestre, comme l’amateur de mauvais vin sent de la banane ou du kiwi dans son palais (au lieu de boire simplement un jus de banane ou de kiwi, c’est idiot ! Moi quand je bois du vin, je veux juste qu’il ait un goût de vin, rouge s’il est rouge et rosé s’il est rosé – le vin blanc, c’est dégoutant). Les plus jeunes, je ne leur parle pas et puis les gens, il ne faut pas les écouter, moi, qui suis toujours le plus fier, moi je dis que mes chansons ne ressemblent qu’à moi !

Note

  1. Des ‘diamots’ auraient dit les mauvais écrivains amateurs de calembours, genre ceux qui aiment Jacques Derrida, pouffons, les nigauds. ↩︎