Antoni Astugalpi

Médiateur de mots, sapeur du son, suceur de sens et dresseur d'idées (en gros)

Eclectisme et lectures contrastées

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Nous autres éclectiques capricieux et dilettantes, sommes dans le vrai ! Au Diable les linéaires, ils seront condamnés en Enfer à écouter sans relâche les turpitudes ridicules de Justine Levy (Ô Sade que n’étais-tu pas vivant pour faire connaître quelques infortunes à cette verbueuse inutile).

J’ai souri à t’imaginer lire des livres en les immergeant dans le milieu qui leur convenait. Je conçois la lecture de livres de cuisine pendant qu’un plat mijote ou au petit-déjeuner avant d’aller faire le marché, de livres de blagues ou d’aphorismes aux toilettes, des livres coquins à savourer au chaud sous la couette, des livres bucoliques au jardin, des livres de gare en voyage, … mais où lit-on des livres de questionnement, des livres de guerre et de malheur, quel est l’endroit approprié pour les vaudevilles (hormis au théâtre ou c’est un plaisir en soi d’entendre les autres rire), je me suis perdu à égrener les possibilités…

J’essaye souvent de faire ceci en voyage : lire un auteur terroir, ou un livre de sciences humaines sur le pays, pour fuir l’affreux tourisme auquel il est dur d’échapper lorsqu’on n’a pas le temps de vivre à un endroit. Je vais en échange te faire part d’une autre expérience à laquelle je t’inciterais à t’adonner, si tu ne le fais pas déjà – j’allais presque écrire « t’initier », comme membres de la secte  des lecteurs polytextes, ou transgenres, pour singer la mode –, à la lecture contrastée.

Par exemple, lire Révolution dans la révolution de Régis Debray pendant un séjour dans un hôtel quatre étoiles, où une ex, pour qui le luxe était de jouer aux bourgeois par intermittence, m’avait trainé. Je ne sais si ce fut de lire des considérations sur la guerre de guérilla pendant que je me prélassais sur un fauteuil près d’une piscine, ou si l’aisance alentour m’aidait à comprendre le dégoût de la société de consommation et l’attrait pour la vie de boy scout politique dans la selva, mais j’en ai retiré un certain plaisir. Comme lire Ayn Rand en Inde, elle-même contrebalancée par Amartya Sen qui défendait la civilisation de son pays, fut aussi une très belle expérience personnelle. J’en redemande ! Tu as déjà pratiqué ce genre de choses ?


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