Antoni Astugalpi

Médiateur de mots, sapeur du son, suceur de sens et dresseur d'idées (en gros)

Cleveland vs Wall Street : procès d’intention et mauvaise propagande

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Cleveland vs Wall Street, produit par les films du losange, mêle la réalité avec la fiction, tant est si bien qu’on ne sait pas trop si l’on filme des témoins ou des acteurs, ou des témoins qui jouent parce qu’ils se savent filmés, comme le révèlera d’ailleurs le réalisateur soulignant que les Nord-Américains ont un rapport très intime au cinéma, qu’ils connaissent des centaines de phrases toute faite, et jouent au quotidien. Histoire d’un procès qui n’a pas eu lieu, sorte d’uchronie un peu simpliste. Pourquoi Wall Street ? Pourquoi pas l’Etat américain ? N’est-ce pas lui qui a lancé ce rêve d’une Amérique de propriétaires et qui a incité Fanny et Freddie à prêter à des gens non solvables ? On attaque les dérégulations (ah bon ? lesquelles ?) faites sous Reagan, mais on laisse sous silence le fait que tous les gouvernements, y compris démocrates, ont continué ceci. Pourquoi pas la FED ? N’est-ce pas elle qui avec ses taux bas a laissé les entrepreneurs et banquiers croire à l’argent facile et favorisés les malinvestissements ? Pourquoi pas les Chinois qui financent les EUA dans leur délire et se sont probablement dit que favoriser la chute des EUA n’était pas plus mal… à qui profite le crime ?

C’est donc un procès d’intention, des jurés qui règlent leurs comptes avec le système. Un tel a ses enfants en Irak et s’oppose au « Système ». Flirte avec les théories du complot, Barbara Anderson qui parle de « faire payer les noirs », le Système … qui ? Les deux cents familles, les sages de Sion, les Juifs. Les gentils pauvres noirs contre les méchants financiers blancs soutenus par la bien bête classe moyenne américaine.

Bande-annonce du film

[Texte initialement publié dans La Catallaxine, le 21 juillet 2010]


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