Antoni Astugalpi

Médiateur de mots, sapeur du son, suceur de sens et dresseur d'idées (en gros)

Vas-y, Béru ! [1965] par Frédéric Dard

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A ma grande honte, je dois dire que je n’avais jamais lu auparavant un seul ouvrage de Frédéric Dard, malgré la myriade de San Antonio que le zigue a pondu durant le moment qu’il respirait encore et qui s’appelle la vie, si tant est qu’être lu après sa mort ce n’est pas aussi vivre encore un peu. Mais fi de philosophie, filou, et puis je ne l’ai pas lu, ce Vas-y, Béru !, je l’ai fait passer par mes oreilles jusqu’à mon cerveau lent qui s’est mis à voler à vau-l’eau tant sa valait le coup.

C’était lu par Antoine de Caunes et – déconne pas – on aurait comme qui dirait dit que la voix de Didier l’embrouille avait été sortie de la puissance oblongue et de la longue jouissance des gens qui ont été respectivement le père et la mère de l’acteur, juste pour ce rôle-là, qui allait à merveille à ce drôle-là (ola de joie !).

Alors que dire ? Pour commenter ce 59ème opus de la série je ne ferais pas l’affront au lecteur ci-présent (toi, ducon.ne !) de dire par l’écrit que l’histoire est un peu négligeable quoique non-négligée, puisque c’est pour la langue, qui trucule la jactance, qui néologise à foison, qui faisande le français et se contrefiche de la bienséance et des règles de grammaire (il y a bien longtemps que grammaire n’a plus ses règles, voyons !), que ça rappelle avec goulupté le phrasé du français d’un Brassens, d’un Devos ou d’un Audiard (oh les poncifs poussiéreux et passables pour sclérosés du style, cher Anto, rajoute au moins que Moix n’est qu’un Dard qui s’est piqué d’être pris au sérieux pour rajeunir ta critique !), voire du Rabelais hâbleur pas au rabais, que c’est la Renaissance tardive du baroque, fait de bric et de broc, que ça brille et déborde de périphrases, que parfois c’est aussi cher et payant que l’acte de chair avec sa légitime (et les personnes qui n’ont pas compris que le sport en chambre c’est payant quand ce n’est pas payant, ont raté une bonne partie de leur vie si tant qu’être rincé après sa petite mort c’est vivre tout à fait), mais qu’enfin, malgré tout il y a bien un alpha et un omega à la narration proposée, et, ainsi, un vernis de fond qui colle à la roue de la forme, je n’ai donc rien à en dire de plus…

C’était même si bien que j’ai pris la bonne résolution d’en lire deux par an jusqu’à la fin de ma vie (ce qui obligera le Grand Paternel Bienveillant à me laisser en vie au moins 87,5 ans pour que je puisse ne pas me dédire !)

Georges Brassens, « Quatre vingt quinze pour cent »

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