De Compostelle, tu croyais n’avoir rien ramené, n’avoir pas changé, n’avoir pas eu d’illumination, avoir dépensé deux mois et plus de 2000 € pour rien – mais qu’attendais-tu au fond, que l’apôtre vienne te voir en personne au nom du prénom que vous partagez et te file une mission sur Terre ?
Et depuis que tu as entendu “Tú que vienes a rondarme” par hasard dans une auberge où tu venais voir un (éventuel) livre, depuis que tu as téléchargé Shazam et retrouvé cette chanson par miracle, écouté celle-ci en boucle avec une joie d’adolescent pendant toute la fin de ton chemin, depuis que tu as acheté les deux albums du duo, regardé toutes les vidéos possibles sur YouTube (à en frôler le fanatisme maladif), que tu chantes en catalan – pauvre con en catalan que tu n’y piges rien ! –, que tu as adapté la chanson qui t’a mis une claque dans ta langue de cœur – le français –, que tu te retrouves vibrant et heureux comme si tu avais 15 ans, tu attendais quoi de plus que toute cette vie qui coule en toi et te brûlant comme un soleil, à avoir envie de hacker les systèmes juste pour rigoler et te faufiler entre les lignes, plein de créativité, de rêves, de feu et de sève, putain deux mois de route qui ne sont rien dans une vie, 2300 € dont tu as déjà oublié qu’ils existaient et que tu perdras encore plusieurs plus bêtement que ça, 1500 km à te refaire une ligne et terminer quelque chose dans ta vie (même si tu n’as pas visité la cathédrale ni demandé ta compostela pour ne pas porter le stupide masque – un principe!), et toute cette énergie en toi, c’était pas ça que tu allais chercher ?, cette envie de croquer dans la deuxième moitié de ta vie avec la même effronterie qui fut la tienne quand tu faisais semblant de devenir adulte ?
…la gent no s’adona el poder qué te…
Sérendipité, mon con, tu t’en doutais pourtant, non ? Bougre d’âne et de naïf, c’est bien pour ça pour que t’aime bien malgré tout…
