Sans avoir lu ni Ketamine [2020] ni Braquage [2021], qui sont peut-être les deux premiers tomes d’une trilogie, je n’ai pas compris la structure de Suspecte, sorti dans la continuité des deux premiers.
J’ai quand même lu 88 pages de ce texte informe dans lequel une IA narre ses hauts faits de dissidente anti-système, en petits chapitres improbables, un rien grandiloquents et décousus. Faute de grand fond, on avait promis du style et puis même pas, c’est finalement assez mal écrit avec de très nombreuses répétitions et du geekage en veux-tu en voilà pour impressionner le boomer – mais qui ne m’a pas impressionné qui n’en suis pas un. Ça n’a pas, donc, d’histoire, chaque chapitre narrant un haut fait passé d’une carrière d’espion virtuelle fictive se servant de name dropping et de concepts technos pas si dingues que ça, pour faire semblant de tisser un récit d’espionnage. On dirait du Yann Moix qui pisse de la copie pour raconter sa vie de merde et ses ébats de naze avec moult effets éculés et tombant à plat, au service de la complosphère, là où le Moix rampe devant BHL ou Laurent Ruquier pour avoir ses tunes et ses petites asiatiques à baiser, ou autant de matériel pour ses prochains récits d’autofiction couillons dont on se contrefiche. Bref, ça n’a pas grand-chose à dire mais ça use beaucoup de moyens pour le faire.
Je veux bien faire partie de la complosphère, c’est plus cool qu’être avec les suceurs de salon, mais il faut m’offrir autre chose de plus instructif. Certes, il n’a pas de fouetteurs de mots chez les dissidents1, groupe informe qui agglomère les plus courageux mais pas forcément les plus savants dans leur domaine, mais je crois que même le très lent Lucien Cerise a fait quelque chose de plus intéressant que ça avec ses Gouverner par le chaos et Neuro-pirates. Réflexions sur l’ingénierie sociale – dont ce faux roman voudrait être une forme un peu cool.
J’ai donc abandonné ce machin sans regret et sans trop savoir à quoi il servait…
Note
1 Peut-être Juan Asensio (qui n’est pas dissident, qui est Juan Asensio tout seul et inassimilable) ou Marc Obregon…
Photo d’entête : « Une partie d’échecs ? » de Frédéric Lakermance
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