Antoni Astugalpi

Médiateur de mots, sapeur du son, suceur de sens et dresseur d'idées (en gros)

The Day after Tomorrow [2004] de Roland Emmerich

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J’aurais peut-être dû écrire ce rapide commentaire en anglais, puisque j’ai vu le film en langue originale, mais je n’avais à vrai dire pas vraiment envie de perdre plus de temps avec cette nullité intégrale.

Que dire ? Je me souvenais vaguement de la sortie de ce film, vingt ans auparavant, ne m’attendais à rien et ai quand réussi à être déçu.

Les personnages sont un copier-coller d’un film de Noël, avec le père surchargé de travail qui essaye de renouer les liens avec son fils, lui-même post-adolescent un peu timide amoureux de la belle intello de son université, elle-même un peu entichée du beau gosse de l’université adverse, et puis le noir qui vient jouer les rôles comiques dans ce schéma éculé jusqu’à la moelle de l’ennui…

La musique de fanfare a sans doute été récupérée de n’importe lequel des films de lourdauds sortis des studios hollywoodiens les années précédentes. Le scénario est débile quand bien même on accepterait que les explications scientifiques soient tirées par les cheveux pourvu qu’on ait des effets spéciaux spectaculaires permettant de voir Nouvelle York engloutie par la neige et un film de survivalisme urbain dystopique. Mais plus con, faut te fourrer le cerveau à la perceuse et au fromage pour arriver à gober ça : surfant sur l’hystérie climatique des périodes COP-20 et 21 autour d’Al Gore et Nicolas Sarkozy, il fallait donc montrer un dérèglement climatique1. Mais c’est tellement fort et soudain que c’en est presque contre-productif question propagande (trop, c’est trop). La prise de conscience politique tardive, en l’occurrence ici sous la forme du discours de contrition fait par le président une fois les ravages causées, lui qui n’avait pas écouté les mises en garde des scientifiques, est tellement mal amenée et grotesque, que je ne vois pas quel imbécile serait touché par ce moment surjoué et faux de bout en bout.

Alors restait les images de catastrophes, la statue de la liberté enneigée, le tsunami apocalyptique, le cerveau qui mange des bonbons aux colorants dégoutants et de glaces grasses et dopées au sucre, un jacuzzi d’adrénaline, de la bagnole qui vole, du paquebot qui s’emboite dans les rues de la capitale du fric, des fuyards surfant sur une vague de 50(0) mètres, la fourmilière détruite avec fracas, du sang rouge esthétique, des cris harmonieux, des larmes édifiantes et de la morale dégoulinant de miel : on est peu de chose … et… rien.

Après un début épouvantablement lent de débats et débuts qui n’en finissent pas, lorsque le cataclysme arrive, une vague, un bateau et les héros se réfugient dans une …librairie… bibliothèque, pardon, nationale, même (fucking faux amis), puis brûlent des livres pour se réchauffer. On a une scène de combat contre des loups arrivés dans la ville sans prévenir, un copain scientifique qui tombe et se sacrifie, et c’est tout. Papa retrouve fiston qui a embrassé sa copine et c’est fini. Même pas un plagiat2 de Je suis une légende où Will Smith devait se débrouiller dans une ville infestée de mutants, même pas un soupçon de Mad Max, même pas une préfiguration de La route de John Hillcoat, tiré du roman de Cormac McCarthy. Bref, de la propagande grossière datée d’un siècle au moins et une fin en queue de poisson. Même la statue de la liberté enneigée qui a fait les beaux jours de l’affiche de film et aguiché le spectateur n’apparaît qu’incidemment, à la fin, en passant, on n’y installe pas de base, même pas de feu sur la flamme pour vomir du symbole à s’en faire éclater la panse pleine de glace et de bonbecks, non, rien : une embrassade dans une bibliothèque et allez dormir…

A la limite, une fois une heure perdue à poser le décor, une éventuelle suite aurait pu être intéressante, qui aurait montré comment le petit groupe de rescapés (sans couvertures ni gros manteaux) néo-yorkais s’organiser pour survivre dans la glace, trouvant de la nourriture, du bois et du courage dans les décombres de leur civilisation, la revanche des loups, un camping sur le toit des grattes-ciels devenus des petites maisons de banlieues avec leurs immenses souterrains pris dans les glaces, bref, enfin un début de quoi s’en mettre plein les yeux…

Bref, in English: “booooring!”

Notes

  1. Ce grand scénario hollywoodien vendu aux masses du début du XXIème siècle, meilleure des productions fictionnelles du moment depuis le maoïsme. ↩︎
  2. Par anticipation alors, Antoni : le film de Francis Lawrence, est de 200…7. ↩︎

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