
On a chez Marc Auburn une synthèse de la fresque d’ensemble de ce genre de littérature version laïque : décorporation, existence des fantômes, réincarnation avec mission de vie, extraterrestres, âmes des animaux, démons ou âmes coincées, existence de réalités différentes sur des fréquences différentes où des couleurs nouvelles apparaissent… mais surtout rien de religieux, avec une critique positiviste assez creuse et facile des religions établies, qui laisse apercevoir un faible niveau en théologie et philosophie : pas la peine, rétorquerait l’auteur puisque tout y est faux et que sa description autobiographico-empirique de la vraie réalité remplace la fréquentation de cette littérature.
La ficelle de son propos est sans doute aussi assez grosse : étant une sorte de Neo sorti de la Matrice, il propose à ses lecteurs de faire eux aussi partis des élus, des 0,001% des sortis de la Caverne. Même s’il ne semble pas vendre plus que ses livres, en flattant ainsi son public avide d’ésotérisme élitiste, en taquinant son envie d’évasion, il s’inscrit dans le droit fil de la littérature feel good, version science-fiction nouvel âge d’un « arrière-monde » à multiples tiroirs que Nietzsche et Marx auraient dénoncé comme des leurres.
Je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que Marc Auburn est trop vantard, a tout vu, tout compris, tout expérimenté, qu’il manie fanfaronnades et le marteau rhétorique avec un peu trop de violence1, je n’ai pas réussi à le trouver sincère. Il m’est apparu comme un gars qui a beaucoup fréquenté certains milieux, en a compris les ressorts psychologiques, lu abondamment sa littérature au point de pouvoir décrire des expériences de manière convaincante, mais pas comme un sage qui a réellement vécu tout ce qu’il prétend avoir fait dans ses existences actuelles et passées.
On ne peut pas dire que je n’ai pas aimé cette lecture ni qu’elle ne m’ait intéressé mais j’y ai plus vu une synthèse d’un fanfaron qu’un récit honnête, encore moins un essai synoptique, ce que je cherche. Si je me trompe, il viendra me le dire en rêve…
(Quelque part, Marc Auburn ne parle pas de choses plus grandiloquentes que les époux Anton et Hanael Parks, mais je trouve leur démarche plus scientifique, plus modeste…)
Note
- Je dis la vérité et ceux qui ne sont pas d’accord avec moi, peuvent aller voir ailleurs, je ne les retiens pas, façon d’impressionner le faible et de le clouer à sa chaise. Marc Auburn m’a fait penser à l’Alain Soral de la décorporation. ↩︎
Photo d’entête : “Ghost in the Passage” par Boccaccio1

Laisser un commentaire